Les ponts ont souvent un nom qui leur est attribué. Voici un exemple ou pour deux ponts et deux lieux différentes on retrouve le même nom : la reine Jeanne est la Lady Diana des Provençaux, leur reine de cœur. À l’instar des fées bâtisseuses, d’innombrables édifices lui sont attribués. Dans le seul département des Alpes de Haute-Provence deux ponts portent son nom.
Le premier passe inaperçu, abandonné en bordure de la N. 202 à la frontière des Alpes-Maritimes. Abondamment signalé, le second au contraire, surprend le visiteur : il est toujours en fonction mais la circulation automobile y prend fin !
Cette balade nous conduira de ce pont à un belvédère perdu dans les collines en passant par un village abandonné depuis peu. Nous y raconterons l’histoire de la jeune reine Jeanne et ses légendes.
Quant à savoir pourquoi nos ancêtres battirent ici un pont qui, aujourd’hui semble ne mener nulle part, nous en ferons le but d’une autre balade.
Quelques ponts
Le Pont dit Roman à Oraison
Le pont dit Roman sur la Rancure qui fut construit en 1698, en galets roulés et pierres de taille, servait d’aqueduc pour emmener l’eau potable de la source de la Boucharde aux neuf fontaines du village.
Le pont sur la Durance à Oraison
Le pont à sept arches sur la Durance, fut inauguré en 1888, en présence de Frédéric Mistral. Il est le symbole du désenclavement d’Oraison.
Le pont Romain de Céreste
Pont « Romain » (ravin de l’Encrême – XVIIIe siècle).
Le pont Romain de Lurs
Le pont romain de Ganagobie s’avère le plus important vestige sur ce tracé. Ce pont enjambe le Buès (ou Buech) petite rivière qui délimite les communes de Lurs et Ganagobie. La traversée de ce vallon presque à pic exigeait un pont, car ce ruisseau de faible débit en apparence, draine en réalité les eaux d’un vaste bassin d’alimentation pouvant donner lieu à des crues subites.
Il est sur le tracé de la voie Domitienne. On retrouve autour de ce monument une plante la lithosporums qui d’après P. Martel était utilisé que sur les sites Romains humides, et on l’utilisait pour guérir les maladies oculaires.
Sur le pilier nord on aperçoit gravé un phallus. Les romains signaient souvent leurs ouvrages ainsi, soit pour éloigner le mauvais œil, soit pour marquer leur force.
Le pont de la mort de l’homme à Montfort
Pour passer du vallon du Mardaric à Peyruis, dans le Val de Durance, à la vallée perchée de Chateauneuf Val St Donat la voie montait jusqu’aux carrières, passait sur le pont des Moines au lieu-dit Rayon puis s’élevait tout droit par la ferme des Combes.
On voit là un ancien pont à une seule arche en plein cintre, bordée d’un double rang de claveaux. Il présente des analogies avec celui de Ganagobie. Les gens du pays le nomment « le pont de la mort de l’homme ». En 1578 l’acte de vente d’un terrain au grandbois mentionne la mort de l’homme.
Le pont des trois arches à Mane
Le pont roman de Mane ou pont sur la Laye ou pont des trois arches (ou, improprement, pont romain) est un pont de pierre à trois arches qui franchit la Laye à Mane. C’est un pont roman à becs, du XIe ou du XIIe siècle, qui pourrait être daté de la même époque que le prieuré de Salagon.
Il a été classé monument historique par un arrêté du 28 janvier 1970.
Le Pont de la Reine Jeanne entre Vilhosc et St Symphorien
On appelle ainsi en Provence tous les ponts du Moyen Âge. Caractéristiques : en dos d’âne, d’une seule arche, franchit le Vançon (affluent de la plate-forme). Le panneau des monuments historiques le date du 15ème mais les bons auteurs (Collier) le datent du 14ème siècle.
Usage : accès au village de Saint-Symphorien (aujourd’hui abandonné) et passage de transhumance vers les grands pâturages de la vallée du Dromon. Cette vallée aujourd’hui perdue était très fréquentée au Moyen-Âge.
Le Pont de la Reine à St Benoit
Pont dit de la reine Jeanne (faisant référence à la reine Jeanne de Provence) : long de 39 m, large de 2,7, en dos-d’âne. L’arche a un diamètre de 29 m et une hauteur sous voûte de 12,5 m. Un pont existait déjà en 1296, trente ans avant la naissance de la reine Jeanne.
Le pont actuel, à la construction soignée, date en partie du dernier quart du XVIIe siècle, en partie des années 1728-1735, date de sa dernière reconstruction après une crue. La chaussée, caladée, s’élargit aux extrémités (ailes). Les trous de boulins ayant servi à soutenir le cintre lors de la construction sont encore visibles.
Il est inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.
Le pont de Gueydan à St Benoit
Pont de Gueydan, au débouché des gorges de Daluis, date du début des Temps modernes. Les parties conservées (tunnels d’accès et une partie des culées) sont classées monument historique.
Il a été doublé par un pont après 1843 : tous deux sont détruits à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Un nouveau pont est construit en 1979, avec une arche de 37 m de portée, le tablier étant porté, par l’intermédiaire de voûtes d’élargissement, par deux arcs parallèles et indépendants.
Le pont du Moulin à Thorame Haute
Le Pont du Moulin est un pont du XVIIe siècle classé monument historique par arrêté du 25 mars 1977, il est construit sur deux arches très inégales de 17 et 9 mètres, pour une longueur totale de 41 mètres. Il enjambe le Verdon sur la commune de Thorame-Haute. Sa construction s’est faite entre 1685 et 1688. Il est désaffecté en 1881 avec la construction d’une passerelle en bois longue, plus en amont.
Ce pont présente un intérêt architectural qui lui a valu de figurer sur de nombreuses illustrations et cartes postales. R. Collier note qu’il est exceptionnel pour l’époque de sa construction. Malgré que ce pont soit en mauvais état aujourd’hui, les voûtes sont bien conservées. Il n’a plus été entretenu depuis longtemps en dépit de son classement, et il ne dessert aujourd’hui qu’un petit sentier qui permet d’accéder à la montagne de Serpeigier.
Pont et plateau du Châtelet à Saint-Paul-sur-Ubaye
Saint-Paul-sur-Ubaye se situe à 1470 mètres d’altitude, dans la haute vallée de l’Ubaye, sur la route de Vars. Installé au pied du massif de Chambeyron, il est le plus haut village des Alpes de Haute-Provence, et la seule commune à avoir plus de 30 sommets supérieurs à 3000 mètres sur son territoire.
Le village compte plusieurs hameaux dépendants dont Fouillouse, dans un petit vallon isolé à l’Est au pied de l’Aiguille de Chambeyron, qui était cher à l’abbé Pierre. Il est accessible par le pont du Châtelet, surplombant l’Ubaye de plus de 100 mètres.