Cabanons pointus

Cabanons pointus
cabanon pointu
cabanon pointu
cabanon pointu

Patrimoine rural du territoire, les cabanons pointus aussi appelés « borie » parsèment la campagne. Ils abritaient le paysan et ses outils parfois quelques animaux sans être pour autant un jas. Visibles parfois dans les champs ou chez les particuliers.

Nature et origine géologique

On se trouve face à deux grands ensembles géologiques riches en structures de pierre sèche :
1. du Jurassique supérieur au Crétacé inférieur (-195 à -100 millions d’années), ce sont les grands bancs de calcaire dur que l’on trouve autour de Marseille, dans la basse Durance, sur les plateaux de Vaucluse et du Verdon, le long de l’axe Ventoux-Lure.
2. au Miocène (- 20 millions d’années), c’est la molasse que l’on retrouve en remontant le Rhône jusqu’à Crest et la Durance jusqu’à Ganagobie. Elle fournit un matériau assez facile à dégrossir et même à retailler pour en faire des linteaux, des pieds-droits, des pierres d’angle, …

Pourquoi ces cabanons pointus …

On peut parler, à propos de cette architecture populaire, d’une architecture de nécessité : celle d’épierrer les terres pauvres pour les rendre propres à la culture. Ces pierres que l’on élimine, plutôt que de les jeter en tas n’importe comment, autant les entasser en bon ordre.
De là à la construction, il n’y a qu’un pas que nos ancêtres franchirent aisément. Avec les pierres rejetées, on édifie des enclos, des murets pour abriter ou délimiter des plantations, des soutènements pour la culture en terrasses (les »bancaus »), des garennes, des cabanes pour ranger les outils, se mettre à l’abri, voire même dormir. Et en plus, ce matériau est gratuit… Et puis, il a déjà donné tant de travail aux hommes pour le trier qu’il serait fâcheux de le gaspiller. Et, de surcroît, il est solide ; alors…

Historique

En Provence, on peut faire remonter la construction en pierre sèche à la fin du néolithique et à l’âge du bronze. Les enceintes des oppida préromains sont en pierre sèche.
Divers textes du Moyen-âge font état de « cabanes » en des lieux où l’on retrouve de nos jours de nombreux cabanons pointus.
Au départ, ces constructions sont exclusivement des habitats pauvres par rapport aux bâtiments en moellons liés à la chaux qui ont de vraies fenêtres, un sol dallé ou carrelé. Puis, peu à peu, cet habitat en pierre sèche évolue et devient plus élaboré. Le simple cabanon peut devenir une véritable ferme avec plusieurs corps de bâtiment, des escaliers pour accéder aux différents niveaux, une cour caladée. On construit également des fours, des aiguiers, des ruchers.

L’utilisation s’est poursuivie même avec l’avènement de la société industrielle puisqu’au début du XXe siècle, on retrouve l’emploi de la pierre sèche dans les soutènements des Ponts et Chaussées.
Les techniques ont été enrichies par la venue d’ouvriers étrangers, porteurs de savoirs nouveaux, de traditions différentes.



Technique de construction

Un cabanon moyen, en pays de Forcalquier, pèse entre 30 et 50 tonnes, ce qui représente de 2 à 300 000 pierres.
On monte deux parements de pierre (l’un extérieur, l’autre intérieur) entre lesquels ont fait un blocage (ou fourrage). Ce blocage sera d’autant plus soigneusement réalisé que la toiture aura une forte pente. L’essentiel, pour monter les murs, est de bien respecter le rapport entre la taille des pierres et celle de l’édifice, notamment leur largeur (pour bien les croiser) et leur longueur (pour bien les ancrer dans la masse de la construction).
Les coupoles en encorbellement ne nécessitent pas de coffrage. Les pierres sont disposées horizontalement. Chaque rang avance sur le précédent guère plus que de sa propre épaisseur, sauf pour les derniers rangs. Les pierres étant soigneusement croisées, les rangs deviennent ainsi solidaires les uns des autres. Plus la coupole se resserre vite, plus elle est audacieuse. Plus, au contraire, elle monte en pain de sucre, plus elle est solide et aisée à réaliser.
Les berceaux en encorbellement sont plus difficiles à réaliser. Il faut pour cela avoir recours à un plus grand chargement à l’arrière pour éviter qu’arrivées à une certaine hauteur, les deux amorces de voûtes ne se précipitent l’une contre l’autre car il n’y a pas, dans ce type de construction, l’effet de clavage horizontal. Pour les berceaux plus larges, on a même recours à des pièces de bois lancées d’une demi-voûte à l’autre et qu’on laisse en place une fois la construction achevée (elles servent alors d’armatures de rangement en hauteur ou de plancher pour des étages intermédiaires).

Quelques règles essentielles pour la construction

On ne doit employer que de bonnes pierres dont une longue exposition au soleil et au gel aura éprouvé la solidité. La face plane de la pierre, corrodée et couverte d’aspérités, se trouve en-dessous pour la river à celle qu’elle recouvre. Toutes les pierres doivent être posées à plat. Une pierre posée verticalement serait, avec le poids de la construction, transformée en schistes qui se désagrègeraient.

C’est le petit côté de la pierre (la tête) qui est visible de l’extérieur du parement, le reste étant inséré dans le mur. Le mieux est de disposer, à intervalles réguliers, des « boutisses », grandes pierres qui font toute l’épaisseur du mur.
Une fois posée, la pierre ne doit bouger dans aucune des six directions : elle ne doit ni monter, ni descendre, ni aller à droite ou à gauche, en avant ou en arrière.
Il faut marier les pierres dans l’œuvre, c’est-à-dire que les joints qui les séparent ne doivent pas se superposer et ainsi former des « sabres ».
Lorsqu’il y a un espace à combler, il ne faut pas bourrer avec de la mitraille mais choisir des pierres dont la forme épouse celle du vide à combler.
Il faut tenir compte des poussées, et pour cela donner le plus de « fruit » possible au parement extérieur, c’est-à-dire que les murs ne doivent pas être verticaux et parallèles mais monter légèrement en oblique l’un vers l’autre.

Pour approfondir :

Pierre sèche en Provence par Pierre MARTEL et Pierre COSTE.
Parcours poétiques du Berger Albert de Hubert Blond par Hubert BLOND
Ces publications sont en vente à l’Office de Tourisme Intercommunal du Pays de Forcalquier & Montagne de Lure.

Office de tourisme communautaire Forcalquier Haute Provence


04300 Forcalquier

Téléphone : 04 92 75 10 02

Email : bienvenue@haute-provence-tourisme.com

Site web : www.haute-provence-tourisme.com

Site web : www.ville-forcalquier.fr/

Dates d’ouverture

Toute l’année, tous les jours.
Visible toute l’année dans certains secteurs de Forcalquier et Mane.

Tarifs

Accès libre.

Informations complémentaires

Langues parlées
  • Français
Alpes de Haute Provence Tourisme http://www.tourisme-alpes-haute-provence.com/patrimoine-culturel/forcalquier/apidae-les-cabanons-pointus-5534448/
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Mis à jour le 06/01/2022 – Office de tourisme communautaire Forcalquier Haute Provence – Suggérer une modification

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